Bernard Pajani, ancien normalien de Haute-Savoie, promo 64-68 de l'EN de Bonneville, mais qui a été de janvier 66 à juin 68 à l'EN d'Albertville, nous transmet une belle page sur une institutrice savoyarde, son arrière-grand-mère ainsi qu'un document photographique exceptionnel. Je l'en remercie vivement.
On peut trouver son ouvrage "Une famille savoyarde : les Charlet de Notre-Dame-du-Pré et Villard-sur-Doron" paru en décembre 2008 en librairie sur Albertville et Moutiers. On peut aussi lui commander directement sur son site qui mérite aussi le détour. Cliquer ici pour une commande et voir la présentation.
Marie-Louise Suatton, institutrice savoyarde (1885 à 1926)
Marie-Louise Suaton fut brevetée le 1er juillet 1885, à l'âge de 16 ans et demi.
On peut noter sa présence à Beaufort-sur-Doron, le 9 novembre 1886 puisque le maire sollicite, par courrier, quelques jours pour que "Mlle Suatton Marie-Louise qui avait été nommée institutrice pour l'école temporaire du hameau du Bersend ... appelée comme adjointe à Aiguebelle" puisse préparer son trousseau. Officiellement, son relevé de carrière fait apparaître qu'elle entra en fonction, le 1er novembre 1886, à Aiguebelle. Puis, le 1er décembre de la même année, elle exerça à Saint-Sorlin-d'Arves. L'année suivante, le 1er novembre 1887, à Mercury-Gemilly, puis le 1er novembre 1888 à Notre-Dame-de-Bellecombe et enfin le 1er novembre 1890, à Notre-Dame-du-Pré.
Sa présence à Notre-Dame-du-Pré (1890-1895)
Peu de temps avant la rentrée scolaire du 1er novembre 1890, le maire de Notre-Dame-du-Pré, Ambroise Terraz, ayant été informé de l'heure d'arrivée de la nouvelle institutrice de 22 ans, à la gare de Pomblières, envoya un cultivateur à sa rencontre afin de l'aider à transporter ses bagages au village. César Charlet, 23 ans, fils d'Eugène qui possédait une carriole à cheval pour livrer ses semences à Moûtiers, était tout désigné. Il déclara, simplement pour s'amuser, à qui voulait l'entendre : "Je vais chercher ma femme !"
Il ne pensait pas si bien dire, évidemment !
Moins d'un an plus tard, le 10 octobre 1891, les tourtereaux se marièrent dans le village de l'époux, contrairement à l'usage qui voulait que le couple se mariât dans celui de l'épouse. Sans doute en raison du fait que Marie-Louise y était une personnalité remarquable comme institutrice. La maison commune s'anima, à 10 heures, en recevant le futur époux, l'institutrice et de nombreux parents et amis dont leurs pères et mères respectifs, ainsi que Dominique Deschamps, 48 ans, oncle de l'époux, Jean Bouvier, 39 ans, cousin de l'époux, Amand Romanet 24 ans, ami des époux, tous trois cultivateurs et domiciliés à Notre-Dame-du-Pré et François Jacquier, 30 ans, beau-frère de l'époux, cultivateur, domicilié à Feissons-sur-Salins.
Sa présence à Villard-sur-Doron (1895-1900)
Pour la rentrée scolaire de 1895, Marie-Louise Suaton prend son nouveau poste, à Villard-sur-Doron, village de son enfance, pour le 1er novembre, au hameau du Cray puis au chef-lieu, en remplacement d'une institutrice qui a suivi son mari.
Mais les deuils successifs, dus à la perte de son père et de trois de leurs enfants, ainsi que la volonté de son mari de retourner en Tarentaise lui font demander son changement.
Nouvelle installation à Notre-Dame-du-Pré (hameau d'Hauteville) (1900-1904)
C'est, sans aucun doute à l'école du hameau d'Hauteville, qu'est prise la seule photo de toute sa carrière, sur laquelle on reconnaît ses deux enfants, Bernadette et Marcelle, à sa droite. (cliquer dessus pour l'agrandir)
Il n'a pas été possible de reconnaître d'autres personnes nées dans les années 1890 à 1900.
Déplacement à Saint-Marcel (hameau de Montmagny) (1904-1926)
En cette période troublée de séparation des Eglises et de l'Etat, elle est déplacée par l'inspection académique, suite à une cabale des parents d'élèves, due principalement à ses idées cléricales. C'est à la fin du mois d'avril que le maire signe son procès verbal d'installation dans l'école de la commune qu'elle vient de rejoindre.
Elle y restera jusqu'à la fin de sa carrière qui se terminera le 31 décembre 1926, malgré sa demande de prolongation en raison du fait que l'un de ses enfants poursuit des études supérieures.
Extrait de « Une famille savoyarde » en librairie sur Albertville et Moutiers par Bernard Pajani arrière-petit-fils de l'institutrice