Merci à Gilbert Bosetti, qui fit un passage apprécié à l'École Normale, de nous livrer ainsi un texte plein d'émotion. Il reflète bien la vie de cette époque avec ses relations fortes entre les normaliens et avec les professeurs. Relations qui ont souvent perduré malgré les années et l'éloignement. db.
Prof d'italien à l'E.N. d'Albertville, jeune débutant d'octobre 61 à septembre 62, puis appelé à 18 mois de service militaire, et revenu enseigner seulement un trimestre au printemps 64 avant d'être appelé à la Fac de Grenoble, je n'ai effectué qu'un bref passage dans cet établissement.
Néanmoins, je garde de vifs et excellents souvenirs de cette période. M. Noël avait accueilli le bizuth que j'étais comme un père; M. Chauvineau m'avait trouvé un logement chez la famille Pollet qui m'a hébergé et dont deux grands enfants furent mes élèves (comme elle avait hébergé mon prédécesseur Paul Crinel hélas décédé). Entre temps, mes collègues Loisy, Bouvier, Laurençot qui à mon retour assurait l'intérim après la brutale disparition de M. Noël, sans oublier René Flandin qui allait quelques années plus tard devenir mon beau-père ont disparu et je crains qu'il en soit de même pour le prof de math Cussaq. J'aimerais avoir des nouvelles de Christiane Ortollan, prof de sciences nat, très attentive aux autres et qui m'avait secouru lors d'une asphyxie. Je n'oublie pas le prof de gym Quentin qui me permit de faire le stage de ski des 1ère année.
A midi, je mangeais à l'époque au réfectoire avec Loisy lui aussi issu de l'ENS de Saint Cloud (comme Crinel, Giolitto, futur directeur et Chauvineau l'intendant) et je me liai d'amitié avec les surveillants André Pallatier (qui me fit découvrir le centre de recherches sur l'imaginaire de Gilbert Durand), et Michel Perroud: tous trois nous fîmes lors des vacances de Pâques un mémorable voyage en Sicile. Dédé m'a donné des news de Michel.
Merci à Gilbert Muraz, élève devenu collègue de l'Université de Grenoble, et à André Pallatier que je n'ai jamais perdu de vue, de m'avoir signalé cette initiative de Daniel Bret et de Lucien Carrel de renouer des liens distendus. Je souhaite aux organisateurs de la réunion le succès qu'ils méritent. Hélas, le 26 juin Jacqueline Bosetti née Flandin et moi, nous sommes depuis longtemps retenus par une réunion autour d'amis de trente ans isérois.
Last but nos least, mes élèves dont je revois les visages. Même si, emporté par le "tourbillon de la vie" comme le chantait Jeanne Moreau dans Jules et Jim, je me suis peu manifesté après mon départ pour Grenoble (sauf auprès de la fille de M. Flandin devenue mon épouse!), les élèves que j'ai eu la chance d'avoir - parce que triés sur le volet, ils constituaient une petite élite - sont restés très vivants dans ma mémoire. Sans doute, parce que c'étaient les premiers dans mon expérience d'enseignant, que j'avais guère plus que leur âge et qu'au retour du service militaire (j'avais un tantinet mûri, eux en 4e année avaient beaucoup mûri) des liens d'amitié s'esquissaient. J'ai retrouvé peu de noms familiers sur les listes provisoires; j'espère que se manifesteront d'autres que j'ai connus.
Evidemment, surtout ceux qui apprenaient l'italien, Michel Folliet revu sur les pistes de ski, Jean-Pierre Thomasset retrouvé à Grenoble, mais aussi Jean-Louis Froment, Permezel et d'autres bizuths; ou en 2E année Gil Passet et Marc Peisieu, Joël Perrin et Maurice Pichon (?), Stéphane Berthet et Charles Vianney ou en 3e année Jean-Paul Vial, Tréguer, Bellemin et Truchet. Même des anglicistes à qui j'ai infligé quelques cours de "dessin" ou d'histoire en remplacement de Bouvier. Je n'ai pu accompagner mon épouse à la retraite de Claude Vallier mais il sait que je pense à lui.
De tous ceux-là et d'autres encore, j'aimerais avoir des nouvelles et pour cela je laisse dans ce message mes coordonnées. Une photo d'époque me ferait grand plaisir. Idem pour Dédé et Roger Pollet, mais j'ai des nouvelles par leur soeur Lucienne.
Pardon à Daniel Bret d'avoir été un peu long, mais je le remercie d'avance pour qu'il transmette ce message aux promotions concernées.
Chaque fois que je passe devant l'E.N. lors de visites à mon beau-frère Michel Flandin, j'ai un pincement de coeur. "Un petit caillou dans ma chaussure" comme le chante Amélie les crayons.
Gil Bosetti
P.S. Mon épouse Jackie Flandin a cru se reconnaître sur la photo des funérailles de M. Noël parue sur votre site !